Les structures de personnalité

  • Introduction
  • Structure de personnalité narcissique
  • Structure de personnalité « borderline » ou état-limite
  • Structure de personnalité schizoïde

LES STRUCTURES DE PERSONNALITÉ

Nous avons tous développé des habitudes de fonctionnement tôt dans notre enfance, en réponse aux situations de notre vie. Ces choix de comportement découlent en partie de nos traits de caractère. C’est la partie « innée » de notre personnalité. Elle proviennent aussi des modèles qui nous entoure (parents, fratrie, amis) et de notre environnement social ( événements, culture, valeurs transmises, etc.). C’est la partie « acquise » de notre personnalité.

Une structure de personnalité adaptée est celle qui nous permet de trouver l’équilibre entre soi et les autres, résultant en une humeur et une énergie positives et stables. Cela peut paraître simple à prime abord, mais le respect de soi et des autres implique que l’on soit capable d’être connecté et conscient dans le moment présent, que l’on tolère les contraintes (que l’on puisse vivre nos émotions sans être submergé par celles-ci) et que l’on fasse preuve de créativité, de persévérance et de combattivité dans ce défi de se créer une vie ajustée à notre personnalité, tout en demeurant relié aux autres. C’est ce qui nous permet de nous sentir vivant et stimulé et que l’on appelle communément « être heureux ».

Afin d’illustrer de façon plus dynamique comment les déficiences au plan psychique, dans notre capacité à nous « auto-réguler » (se contenir, être conscient dans le moment présent), dans notre créativité (trouver des solutions pour se faire une place parmi les autres) et dans notre persévérance et combattivité, peuvent s’articuler dans le fonctionnement, je vous présente dans ce qui suit, trois structures de personnalité (narcissique, état-limite, schizoïde) et leurs caractéristiques.

Pour en savoir plus sur le développement des forces intérieures, se référer à la section « Développement psychique » et « Apprendre à relaxer ».

PERSONNALITÉ NARCISSIQUE

On la retrouve dans environ 1% de la population en général et dans 2 à 16% de la population qui consulte pour un problème de santé mentale. Ces caractéristiques de fonctionnement peuvent se manifester à l’adolescence, et se résorber à mesure que la personne acquiert une plus grande maturité psychique.

Les personnes présentant cette personnalité ont un besoin marqué de reconnaissance, qu’ils comble en recherchant des situations où ils pourront avoir l’attention sur eux et se sentir supérieur, « spécial », différent, unique, ou cherchent à s’associer à des personnes qu’ils perçoivent comme ayant ces mêmes caractéristiques. Ce besoin marqué provient de l’inadéquacité de l’environnement familial et social à procurer un intérêt et une attention particulière à la personne durant l’enfance.

Leur dépendance envers le regard de l’autre les rend hypersensibles à la critique et au rejet : le moindre signe de retrait de leur entourage est dramatique et entraîne un sentiment d’inadéquacité (honte de soi, vide, tristesse). Ce malaise est souvent retourné contre l’autre, sous forme de colère, de critique et de culpabilisation. « L’autre » est alors perçu comme le « méchant » de ne pas l’apaiser dans sa crainte de « ne pas être à la hauteur », « valable », et nourri par une considération continue et importante. Il va sans dire que cette dépendance envers autrui pour réguler l’estime de soi provoque des fluctuations dans l’humeur et l’énergie de la personne narcissique.

Elle est capable de peu d’empathie envers autrui en raison de sa difficulté à calmer sa colère lorsqu’elle vit des contraintes. Le contact avec l’autre n’est recherché que lorsqu’il est agréable, c’est-à-dire lorsqu’il lui procure une attention particulière, nourrissante pour l’ « ego ».

Ce qu’il faut retenir des personnes présentant cette structure de fonctionnement, c’est que la recherche constante d’admiration et de reconnaissance par les autres se fait au détriment du développement d’une estime de soi plus stable et intégrée à la personnalité. Il y a des retards au plan psychique dans la capacité à tolérer et assumer ses réactions intérieures découlant de sa personnalité, à tolérer les tensions inhérentes à vivre en société avec des personnes ayant des personnalités distinctes, et à agir de façon créative, autonome et différenciée.

(scanner Structure de personnalité narcissique)

PERSONNALITÉ « ÉTAT-LIMITE » OU « BORDERLINE »

Les personnes représentant cette structure de fonctionnement représentent environ 2% de la population en général et environ 20% de la clientèle qui consulte pour des besoins de santé mentale dans le secteur public.

Ces personnes ont souvent manqué de stabilité affective durant leur enfance. Leur environnement familial et social inclut souvent une ou des personnes souffrant d’impulsivité et de difficulté à se contenir. Cet environnement, instable émotivement, ne permet pas à la personne de se développer une identité et une personnalité intégrée. Elle est souvent soumise, régressée, en raison de la peur de provoquer des tensions chez l’autre, qui peut devenir distant (abandonnant, se retire, prend de l’alcool pour se calmer) ou rejetant (agit colère physiquement, hausse le ton, agressivité, se désorganise). Dans ce contexte, la personne se réfugie dans la soumission et la passivité pour ne pas provoquer de tensions, et de ce fait, ne développe pas ses forces psychiques. Elle présente elle aussi une difficulté à tolérer les tensions et a tendance à agir de façon impulsive. La tension ici est souvent libérée, non pas sous formes de critiques envers l’autre comme le « narcissique », ou par du mépris, mais sous forme de comportements passifs et auto-destructeurs. La personne fait preuve de passivité envers son bien-être, ou manifeste des comportements destructeurs envers elle-même, dans un désir inconscient de s’éliminer pour ne plus souffrir ou faire vivre de tensions aux autres.

Ce qui caractérise la personne état-limite, c’est la peur irraisonnable de l’abandon ou de la perte de contrôle chez l’autre, et plus tard chez soi-même, qui façonne une personnalité teintée par l’évitement et l’agrippement (exister le moins possible pour ne pas provoquer de tensions), et le passage à l’acte (comportement impulsif et destructeur dans au moins deux sphères de leur vie). Il va sans dire que cette personne présente des déficiences importantes à tous les niveaux au plan psychique, dans la capacité à tolérer les tensions (ses émotions et les tensions infligées aux autres à exister), dans la conscience de soi dans le moment présent, dans la créativité, et, dans la persévérance et la combattivité. Elle présente souvent une humeur instable (irritabilité), une difficulté à gérer le stress (anxiété, crise de panique), tristesse (vide intérieur), et peu menacer de se suicider ou avoir des comportements auto-mutilatoires, dans les périodes de stress intense. Elle a tendance à être instable dans ses emplois et ses relations.

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PERSONNALITÉ SCHIZOÏDE

Nous n’avons pas de données précises sur la prévalence de cette problématique dans la population. Elle est cependant en croissance, avec les deux parents qui travaillent, les familles réduites et les jeux à l’ordinateur, qui procurent un sentiment d’omnipotence artificiel.

L’élément central de la structure de personnalité schizoïde est le détachement des relations sociales, parce que celles-ci ne lui procurent pas suffisamment de stimulation, ne l’encouragent pas à persévérer dans les efforts à déployer en interaction, ou carrément, parce que les relations sont perçues menaçantes. Ces personnes sont solitaires, ne recherchent pas de contact intime, et se soucient peu de leur apparence ou de ce que les autres pensent d’elles. Ce détachement des autres reflète aussi un détachement de soi et de ses émotions par la recherche d’un monde imaginaire comme substitut aux relations réelles, pour éviter les tensions. En relation, ces personnes exécutent ce qu’on leur demande de faire afin d’éviter les conflits. Elle peuvent cependant se sentir aliénées, isolées, seules au monde, à rechercher la facilité dans l’isolement. À l’âge adulte, ces personnes éprouvent souvent de la difficulté à gérer le stress lié à un emploi ou ressentent encore plus l’isolement de leur vie solitaire, provoquant des épisodes dépressifs et pouvant même aller jusqu’à de brefs épisodes psychotiques (se retirent dans un monde irréel).

Ce qu’il faut retenir de la structure de personnalité schizoïde, c’est que cette personne se réfugie dans l’isolement (le retrait) et les fantaisies imaginaires, en réaction aux tensions ou à l’absence de stimulation agréable de son environnement immédiat, durant l’enfance. En tant qu’adulte, cette personne présente un fonctionnement psychique sous-développé et a tendance à éviter toute source de tension, en limitant notamment ses contacts avec les autres. Ce choix de se retirer des tensions, entrave le sentiment d’exister de façon libre et diminue la possibilité d’être stimulé, d’obtenir de la satisfaction et de se sentir relié aux autres. Leur développement psychique présente des déficiences importantes dans la capacité de tolérer les tensions, dans la créativité, la persévérance et la combattivité.

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