La ménopause et les tensions reliées à la cinquantaine

LA MÉNOPAUSE ET LES TENSIONS RELIÉES À LA CINQUANTAINE

Dre Michèle Moreau s’est donnée le mandat de mieux renseigner les femmes au sujet des mythes et controverses qui entourent la pilule contraceptive et l’hormonothérapie de remplacement . Voici comment elle introduit sa conférence qui porte sur la ménopause: « Avec une longévité qui atteint des sommets sans précédent, aux prises avec des rôles familiaux traditionnels et une part toujours grandissante des responsabilités sociales, les femmes contemporaines approchant la ménopause ont un nouveau modèle à inventer : atteindre 50 ans et avoir la vie devant soi. »

Voyons d’un peu plus près ce qui rend cette période de la vie si difficile pour les femmes et quelques suggestions pour atténuer les tensions.

Au plan social :

  • Changements familiaux : Le départ des enfants implique aussi réapprendre à vivre à deux ou être confrontée aux stress conjugaux. Il faut aussi réapprendre à vivre pour soi, ce qui est particulièrement difficile chez celles qui ont quitté leurs parents pour aller vivre avec leur conjoint ou qui ont eu les enfants tôt dans la vingtaine ;
  • Les soins aux parents vieillissants ;
  • La perte des gens aimés.

Au plan psychologique :

  • La peur de vieillir, d’avoir des problèmes de santé ;
  • La peur de perdre sa beauté, d’être moins attrayante ;
  • Le deuil de la fertilité.

Au plan physique :

Ménopause veut dire arrêt de sécrétion d’oestrogène. Alors que les hommes continuent d’en sécréter en faible quantité, cette hormone qui apporte souplesse, élasticité, tonus, aux différents tissus de notre corps (peau, muscles, os, cerveau) n’est plus sécrétée chez la femme. 70 à 80% d’entre elles sont incommodées par des symptômes qui peuvent varier en intensité. Certains changements physiques sont moins apparents et peuvent causer la maladie dix, quinze, vingt ans plus tard. Il s’agit d’un nouveau défi pour les femmes qui vivent bien au-delà de la ménopause avec l’apport de la médecine et de la pharmacologie. Voici une description des principaux effets sur l’organisme de l’arrêt de sécrétion d’œstrogène :

- Les tissus externes et les os sont constitués à 50% de collagène et d’œstrogène. La perte de l’oestrogène cause une atrophie de la peau, une chute de cheveux plus importante et moins de repousses, des ongles plus secs, plus cassants et plus ternes, et une perte de la densité osseuse, qui peut aller jusqu’à 45% de son volume. L’ostéoporose est aussi appelée la « maladie silencieuse ». Ce n’est qu’à partir de 60 ans que les femmes prennent conscience de leur fragilité, alors qu’elles se cassent le poignet ou une hanche en faisant une chute ou se fracturent une vertèbre en voulant ouvrir une fenêtre récalcitrante. Chez les femmes qui utilisent l’hormonothérapie de remplacement, leur taux de fracture est identique à celui des hommes.

Il est recommandé de se protéger du soleil, de prendre le moins possible d’alcool et de cesser le tabagisme pour prévenir le vieillissement de la peau. Pour ce qui est des cheveux et des ongles, se doter d’une alimentation saine (calcium et vitamine D, de fruits et légumes riches en fer, magnésium, vitamine B et A). Il existe aussi pour les ongles des suppléments (Nutricap), des huiles pour les renforcir et des vernis spéciaux qui ont un effet durcisseur. On recommande de prendre 800 mg de calcium et de vitamine D par jour dans l’alimentation ou sous forme de supplément alimentaire pour maintenir la santé des os.

- Muscles, articulations, tissus internes: Certaines vont ressentir des malaises, mais toutes les femmes observent une raideur au niveau des articulations et une perte d’élasticité des tissus internes. Il y a donc plus de risque de blessure et de douleur musculaire à l’effort. Il peut y avoir de la sécheresse vaginale, de l’incontinence urinaire, une diminution de la vasomotricité des vaisseaux sanguins (jambes lourdes, varices, etc.). On remarque cependant que chez les femmes qui demeurent actives sexuellement, les muscles maintiennent leur fonction (comme pour les autres muscles lorsqu’on reste active physiquement). Il existe des crèmes lubrifiantes et des exercices pour renforcir les muscles pelviens, impliqués dans le contrôle urinaire.

Les tissus qui tapissent les principaux organes de notre corps perdent également de leur qualité (élasticité, tonicité) ce qui peut affecter le fonctionnement de ces organes. Ainsi, la première cause de mortalité chez la femme est la maladie coronarienne. La deuxième maladie la plus fréquente est le cancer du sein, mais elle est moins mortelle que le cancer du poumon et du colon. Les tissus intestinaux perdent aussi une partie de leur motricité ce qui peut occasionner de la douleur abdominale, une sensation de ballonnement, de la constipation ou de la diarrhée. On observe 40 à 50% moins de crise cardiaque et de cancer du colon chez celles qui prennent le supplément d’œstrogène. Les bouffées de chaleur dont l’origine serait un dysfonctionnement des centres de thermorégulation et une perte de la vasomotricité causés par l’arrêt d’œstrogène, sont à coup sûr inconfortables. Mais elles affectent aussi malheureusement la qualité et la durée du sommeil, ce qui a, dans bien des cas, un impact négatif sur la concentration, l’humeur, l’énergie, l’estime de soi. La diminution de production de progestérone entraînerait également la perte d’un effet anxiolytique qui favorise le sommeil alors que l’œstrogène contribuait à une diminution des éveils nocturnes et une augmentation de la durée totale du sommeil.

Afin de favoriser le sommeil, on recommande de consommer modérément tout ce qui active le métabolisme (alcool, tabac, chocolat, aliments épicés) et d’ajouter à son alimentation les aliments contenant des phytooestrogènes (soja, lin). Pour en savoir plus, consulter les références à la fin de ce texte et voir la section « Le sommeil ».

La prise de poids n’est pas causée par la ménopause ou l’hormonothérapie. Elle est attribuable au ralentissement du métabolisme et à la sédentarité. Il est recommandé de bouger plus et de manger moins et plus sainement (prioriser les aliments contenant des fibres qui favorisent l’élimination et procure satiété plus rapidement).

L’obésité est le prochain fléau de notre société. La prise de poids peut provoquer plusieurs problèmes de fonctionnement : apnée du sommeil, hypertension artérielle, cholestérol élevé (augmentation du risque de maladie cardiovasculaire), diabète, problèmes reliés au système digestif). Soyons prévoyants !

La ménopause et les changements psychologiques

Insomnie, bouffées de chaleur, difficultés de concentration (qui affecte la mémoire), hypersensibilité, culpabilité, fatigue, dysfonction sexuelle, douleur physique, sont souvent associés à un état de fatigue, de l’irritabilité et une perte de plaisir et de satisfaction. Ces pertes de contrôle peuvent générer à leur tour des états dépressifs, de l’anxiété et de la perte d’estime de soi. D’autres facteurs sont cependant à considérer dans la façon dont les femmes traversent cette épreuve de la cinquantaine: l’alimentation, l’activité physique et la capacité à gérer le stress ou les forces psychiques (capacité de tolérer les stress, de s’autoréguler). Une démarche en psychothérapie favorise le développement de ces forces intérieures. Consulter les sections « Apprendre à relaxer » et « le développement psychique » pour en savoir plus

L’hormonothérapie

Si vous avez beaucoup de symptômes liés à votre ménopause, si vous trouvez que votre qualité de vie en est vraiment altérée, si vous voulez prévenir des problèmes de santé ultérieurs, il se peut que l’hormonothérapie de remplacement soit l’une des solutions. Et si on veut être plus prudente, on peut ajouter : si vous n’avez pas d’antécédent personnel ou familial de cancer du sein. L’Association des obstétriciens et gynécologues du Canada a énoncé ces deux affirmations lors de la Conférence canadienne de consensus sur la ménopause, en février 2006 : « L’accroissement du risque de cancer du sein après un traitement combiné oestrogènes-progestatifs est d’ampleur similaire è celui qu’engendrent d’autres variables liées au mode de vie, telles qu’un nombre moindre de grossesses et un allaitement restreint, une obésité post-ménopausique, une consommation excessive d’alcool ou un tabagisme excessif et un manque de régularité dans la pratique de l’exercice. » « Le risque accru de cancer du sein associé à l’utilisation des hormones revient à la normale dans les 5 ans suivant l’arrêt de l’hormonothérapie. »

Qu’en est-il de cette fameuse étude qui a provoqué une tempête dans le monde de l’hormonothérapie ? Certains problèmes méthodologiques on été découvert. L’échantillon était constitué de femmes non représentatives de la population : une moyenne d’âge de 60 à 70 ans au début de l’étude (risque cardiaque élevé), la moitié des participantes fumaient ou avaient déjà fumé et 30% d’entre elles avaient une tension artérielle élevée (risques cardiaque, d’AVC et de thromboembolie élevés). De plus, 33% des femmes participantes étaient obèses et celles chez qui on a découvert un cancer du sein, étaient déjà porteuses de cette maladie avant le début de l’étude, mais à un stade trop précoce pour être diagnostiqué.

Références

Blais, Dre Johanne & Gascon, Nathalie. Ëtre femme à 50 ans. Les intouchables, 2007, 220p.

Moreau, Dre Michèle. La ménopause : prochain défi des femmes du baby-boom.
Conférence Grand Public, Hôpital Notre-Dame (voir coordonnées plus bas).

Demers, Dre Sylvie. Hormones au féminin. Éditions de l’Homme, 2008, 272 p.

Autres outils

Conférence du Dre Michèle Moreau, Hôpital Notre-Dame (2 fois par année). S’inscrire au 514-890-8000, poste 25416 (frais de 5,00$).
www.passeportsante.net